La méthode McKenzie est une thérapie qui rencontre un grand succès chez les Anglo-saxons (on parle aussi de MDT pour Mechanical Diagnosis and Therapy) et qui s’exporte peu à peu en France.
En effet, la méthode McKenzie a pour vocation la prise en charge des douleurs rachidiennes, or, les douleurs dorsales sont de plus en plus fréquentes. Toutefois, à la différence des autres approches naturelles telles que l’ostéopathie ou la chiropractie, la méthode McKenzie propose aux patients d’être partie prenante dans le traitement de leurs douleurs.
Apprenons-en davantage sur cette méthode qui se développe progressivement dans l’Hexagone.
Qu’est-ce que la méthode McKenzie ?
La méthode McKenzie est une technique permettant d’évaluer puis de traiter les douleurs mécaniques de la colonne vertébrale. Ces douleurs comprennent aussi les névralgies telles que les sciatiques et les névralgies cervico-brachiales.
Toutefois, à la différence des autres techniques de manipulations, la méthode McKenzie laisse une grande place à l’auto-traitement, allant même jusqu’à le privilégier.
En effet, pour McKenzie, l’auto-traitement doit autant que faire se peut être placé au centre du traitement. Pour lui, le patient doit véritablement devenir l’acteur de sa propre guérison, le praticien jouant un rôle de guide. Le thérapeute peut toutefois intervenir avec des techniques passives si besoin mais uniquement en dernier recours et si le programme d'auto-traitement ne s’est pas révélé totalement efficace.
Bon à savoir : Robin McKenzie est un physiothérapeute (kinésithérapeute) d’origine néo-zélandaise et a lancé la MDT en 1981.
Méthode McKenzie : évaluation
L’évaluation est essentielle puisque c’est elle qui dictera la marche à suivre.
Elle consiste à :
- évaluer le statut initial du patient en début de consultation : intensité des douleurs, localisation, limitation de l’amplitude articulaire, impact sur les activités quotidiennes, le travail et/ou les loisirs ;
- déterminer la nature des douleurs pour lesquelles le patient vient consulter (douleurs mécaniques ou inflammatoires notamment) ;
- classer le patient selon les trois syndromes répertoriés par McKenzie en tenant compte : de l’anamnèse (interrogatoire qui aura permis de déterminer, outre la localisation des douleurs, ce qui les déclenche, les aggrave ou les améliore), de la posture du patient et de son amplitude articulaire, des symptômes ressentis à la répétition des mouvements (tests de répétition) et à des tests statiques (à l’amplitude maximale) en flexion/extension, inclinaisons et rotations, de la présence ou non d’irradiations ou de signes neurologiques.
En tenant compte de ces éléments, on dégage trois syndromes : le syndrome de dérangement, le syndrome de dysfonction et le syndrome postural.
L’évaluation est conclue en :
- déterminant les directions dans lesquelles le patient doit être mobile ;
- établissant, en fonction des points précédents, le programme d’auto-traitement adapté.
Trois syndromes décrits par la méthode McKenzie
80 % des patients rentrent dans un des trois syndromes décrits par McKenzie. Cela permet de constituer des groupes de patients homogènes qui auront tous à adopter la même stratégie thérapeutique.
Syndrome de dérangement
Dans ce syndrome, on retrouve un blocage ou un déplacement d’un ou de plusieurs étages vertébraux.
Les patients qui rentrent dans ce syndrome sont facilement identifiables puisque lors des tests de répétition la douleur va avoir tendance à s’éloigner de la racine du membre et la limitation de l’amplitude s’accentuer.
Inversement, les tests qui amènent le patient dans sa zone de confort font complètement disparaître la douleur (ou la font se rapprocher de la colonne : centralisation) avec une meilleure amplitude articulaire.
Syndrome de dysfonction
Ce syndrome se caractérise par une raideur qui limite les mouvements, les tissus étant rétractés voire fibrosés.
Les amplitudes sont fortement diminuées en raison de la rétraction tissulaire.
La douleur est reproduite à la mobilisation de la colonne vertébrale au niveau de la zone concernée. Elle n’est pas augmentée aux exercices de répétitions mais elle est systématique en amplitude maximale.
En revanche elle ne persiste pas en position normale et n’évolue pas au cours de la séance (défibroser des tissus demande plusieurs semaines).
Syndrome postural
Dans le syndrome postural, il n’y a pas de limitation articulaire et les mouvements ne provoquent pas de douleur.
En revanche la douleur apparaît au maintien de certaines positions et en fin d’amplitude. Généralement le patient a déjà su identifier les positions dans lesquelles les douleurs surgissent.
Méthode McKenzie et autonomie du patient
La méthode McKenzie visant à permettre au patient une prise en charge autonome, le praticien lui propose dès la première séance des exercices à réaliser pour lui apporter un soulagement rapide et surtout durable.
Le patient va ainsi apprendre à réaliser lui-même les mouvements répétés en position neutre et en position d’amplitude maximale qui engendreront une évolution des symptômes.
Assez souvent, un renforcement musculaire des muscles dorsaux est également nécessaire.
Par ailleurs, pour éviter les récidives, il est indispensable que le praticien donne des conseils posturaux. Après avoir repéré ensemble les situations risquant de déclencher des douleurs, le thérapeute fera en sorte d’aider le patient à adopter des positions plus ergonomiques.
Bon à savoir : la prise en charge d’un syndrome postural repose uniquement sur la correction posturale et ergonomique.
Méthode McKenzie et prise en charge
Prise en charge du syndrome de dérangement
Pour les personnes présentant ce syndrome, l’objectif est de réduire le dérangement puis d'obtenir une stabilité. Pour cela, le thérapeute cherchera avec le patient la préférence directionnelle, c’est-à-dire la direction dans laquelle l’application d’une contrainte mécanique entraîne une amélioration de la douleur.
Concrètement, le traitement consistera pour le patient à réaliser plusieurs fois par jour une série d’exercices (répétitions et maintien de postures) allant dans le sens de la préférence directionnelle (généralement l’extension).
Pour des résultats durables, le patient pourra être amené à adapter les exercices à l’évolution de ses symptômes (les sollicitations dans des directions qui aggravent les symptômes doivent être évitées tant que la correction n’est pas stabilisée). Une fois les douleurs bien améliorées, la correction sera finalisée en réalisant des exercices cette fois dans la direction opposée à la préférence directionnelle.
Bon à savoir : avec la méthode McKenzie, en cas de retour de la douleur, le patient sera capable de la soulager tout seul, sans l’aide d’un thérapeute.
Prise en charge du syndrome de dysfonction
Dans le syndrome de dysfonction il n’existe pas de préférence directionnelle puisqu’il se caractérise par la présence d’un tissu fibrosé. La prise en charge est donc différente de celle adoptée en cas de syndrome de dérangement.
Le but du traitement est de remodeler ce tissu pathologique, notamment en pratiquant des exercices d’étirement dans les directions qui déclenchent des douleurs. Progressivement, la douleur apparaîtra dans des amplitudes de plus en plus grandes et elle sera de moins en moins importante. Avec une pratique quotidienne elle disparaîtra de façon durable.