La lyse isthmique correspond à une fracture de fatigue survenant dans l’enfance au niveau d’une des vertèbres lombaires. Le plus souvent asymptomatique, elle peut cependant évoluer vers un spondylolisthésis ou glissement vertébral vers l’avant, qui peut être responsable de douleurs spécifiques. Le traitement repose sur des médicaments ou sur une intervention chirurgicale, lorsque la lyse isthmique entraîne de fortes douleurs chez le patient.
Qu'est-ce que la lyse isthmique ?
La lyse isthmique se définit comme une fracture de fatigue au niveau d’une vertèbre lombaire entre les articulations supérieures et inférieures de la vertèbre. Le plus souvent, la vertèbre touchée est la 5e vertèbre lombaire.
La lyse isthmique touche entre 4 et 8 % de la population, selon les estimations, et survient au cours de l’enfance à la suite de contraintes de cisaillement dues à la croissance et à l’acquisition de la marche. Dans la plupart des cas, la lyse est bilatérale.
La pratique de certains sports est reconnue comme un facteur de risque de lyse isthmique, en particulier la gymnastique et la natation. Très rarement, elle peut être provoquée par un traumatisme.
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Lyse isthmique et spondylolisthésis
Le spondylolisthésis correspond au glissement d’une vertèbre vers l’avant.
On distingue plusieurs types de spondylolisthésis en fonction de son origine :
- Le spondylolisthésis dégénératif est associé à un glissement vertébral consécutif à un phénomène d’arthrose lombaire, qui use les articulations postérieures des vertèbres et les disques intervertébraux. La compression des racines nerveuses qui en résulte provoque des douleurs neurologiques.
- Le spondylolisthésis dysplasique est congénital et résulte de la malformation de la dernière vertèbre lombaire dont une partie est anormalement allongée.
- Le spondylolisthésis faisant suite à une lyse isthmique est souvent bilatéral et survient au cours de l’enfance.
Bon à savoir : en fonction de l’importance du glissement de la vertèbre, 4 stades de spondylolisthésis sont considérés par les spécialistes (classification de Meyerding). Le stade ultime est un glissement total de la vertèbre vers le bassin, phénomène appelé la spondyloptose.
Symptômes de la lyse isthmique
Au stade de la lyse isthmique, la grande majorité des patients ne présentent aucun symptôme tout au long de leur vie. La fracture de fatigue ne consolide pas, mais le glissement ne s’aggrave pas et aucune douleur particulière n’apparaît. De nombreuses personnes vivent ainsi avec une lyse isthmique sans le savoir, y compris des sportifs.
Cependant, si le spondylolisthésis s’aggrave, des symptômes peuvent apparaître dès l’adolescence ou au cours de l’âge adulte :
- des douleurs lombaires (lombalgies) ;
- une sciatique (douleurs du nerf sciatique le long des jambes) lorsque le nerf sciatique est comprimé ;
- une arthrose lombaire précoce ;
- une claudication à la marche d’évolution progressive.
Diagnostic des spondylolisthésis
La recherche d’un spondylolisthésis par lyse isthmique est effectuée lorsqu’un patient présente des symptômes évocateurs (douleurs lombaires, sciatiques et claudication). Le médecin prescrit des examens d’imagerie pour confirmer le diagnostic :
- une radiographie du dos ;
- un scanner pour déterminer le stade du spondylolisthésis ;
- une IRM (imagerie par résonance magnétique) pour rechercher d’éventuelles autres lésions vertébrales (protrusion, hernie discale…).
Bon à savoir : la plupart du temps, le spondylolisthésis reste stable, une fois la croissance terminée. Mais le glissement vertébral peut également s’aggraver si le disque vertébral s’use prématurément.
Traitement contre la lyse isthmique
La lyse isthmique et le spondylolisthésis correspondant nécessitent une simple surveillance, lorsqu’ils sont découverts chez un enfant sans symptômes. Cependant, la pratique d’un sport intensif doit être discutée avec l’équipe médicale.
Lorsque la lyse isthmique provoque des symptômes, un traitement médical peut être mis en place et comporte plusieurs aspects :
- des médicaments contre la douleur ;
- des médicaments myorelaxants (pour soulager les contractures musculaires) ;
- des médicaments anti-inflammatoires ;
- si besoin des infiltrations de corticoïdes ;
- des séances de rééducation ;
- le port d’un corset ou d’une ceinture lombaire.
Chez certains patients, ce traitement suffit à soulager durablement les douleurs. Lorsque le traitement ne parvient pas à soulager les douleurs qui deviennent insupportables pour le patient, une intervention chirurgicale peut être proposée.
Intervention chirurgicale en cas de dernier recours
Une intervention chirurgicale n’est généralement proposée qu’en dernier recours aux patients, après échec des traitements médicaux. Cependant, dans certaines circonstances, l’intervention chirurgicale est proposée d’emblée :
- un spondylolisthésis de grade élevé chez un enfant ;
- une sciatique très douloureuse malgré les traitements médicaux ;
- une sciatique paralysante avec paralysie du pied ;
- un syndrome de la queue de cheval (graves troubles neurologiques associés à des troubles urinaires).
L’intervention chirurgicale peut être effectuée par différentes techniques, selon le cas précis de chaque patient. Elle consiste le plus souvent à effectuer une arthrodèse lombaire combinée à une ostéosynthèse. L’objectif est de réaliser une fusion vertébrale pour compenser l’instabilité due à la fracture de fatigue.
Ce type d’intervention au niveau de la colonne vertébrale reste complexe et peut s’accompagner de risques de complications post-opératoires spécifiques :
- la persistance d’une sciatique après l’intervention ;
- la rupture du matériel d’ostéosynthèse qui nécessite une seconde intervention ;
- une plaie des méninges ;
- des complications digestives (constipation voire occlusion intestinale) ;
- des complications neurologiques exceptionnelles ;
- une méningite (infection des méninges et du liquide cérébrospinal).